Prière en ce jour de Pâques

« La souffrance »

Seigneur, arrive un moment où c’en est trop,

où tout devient insoutenable.

Oui, Seigneur, arrive un moment où on n’en peut plus.

Car enfin, qu’est-ce que ce monde, ton monde,

où des parents assistent impuissants à la mort de leurs proches et même de leurs enfants,

où un jeune n’espère plus rien de la vie, vraiment plus rien,

où une maman, un papa, est brusquement emporté par un mal mystérieux comme le coronavirus,

où à tout moment un handicap peut tous nous atteindre ?

Car enfin, qu’est-ce que ce monde, ton monde,

où des volcans raient de la carte des villages entiers,

où la sécheresse d’un climat ou de nos cœurs extermine les plus pauvres,

où la méchanceté humaine atteint trop souvent l’horreur,

où des femmes et des hommes, ni pires ni meilleurs que les autres,

souffrent, souffrent, souffrent à en crever ?

On a dit, Seigneur, que tu n’avais jamais voulu cela,

que même cela te mettait en colère ! Mais alors, qui ?

Qui est finalement responsable ? Qui a permis tant de mal ?

N’es-tu pas le Créateur tout puissant en Amour ? Infiniment bon ?

Attends-tu de nous la résignation ? Devons-nous te remercier ?

Ô Seigneur, je t’en supplie, nous t’en supplions,

viens à notre secours, visite-nous, éclaire-nous !

Viens essuyer nos larmes, viens apaiser notre souffrance !

Nous voulions tant vivre, vivre heureux, tous ensemble !

Ô oui, Seigneur, viens ! Ne nous oublie pas !

Reste avec nous ! Prends-nous par la main…


Méditation :

Parler de la souffrance ne devrait pas être réservé qu’aux grands souffrants, et encore…

Qui peut dire la souffrance du malade incurable, de la personne handicapée, isolée, abandonnée, marginale ? La souffrance de tous les dégoûtés et de tous les désespérés ?

Qui peut dire la souffrance des enfants des bidonvilles ou des migrants dans les camps de réfugiés ?

Qui peut dire la souffrance des chômeurs, des affamés, des sans-abri, des infectés du coronavirus ?

N’essayons plus de comprendre, d’expliquer, de justifier. La souffrance, il faut d’abord, la reconnaître avec modestie, avec tant, sans céder à la tentation de la banaliser.

Et lorsque l’inévitable est là, si nous cessions, une fois pour toutes de répéter des explications fausses pour nous-mêmes, fausses pour les autres ?

Si nous cessions de répéter : « C’est Dieu qui l’a voulu… il n’a que ce qu’il mérite… La souffrance fait grandir… Pourquoi Dieu permet-il de telles horreurs ? »

N’essayons pas de défendre l’honneur de Dieu, c’est à Lui de le faire.

Sur le moment, c’est l’absurdité, le non-sens qui scandalisent. La révolte, le désespoir, l’accusation de soi, des autres ou de Dieu, tentent alors d’apaiser nos esprits en déroute.

Nous sommes tellement faits pour le bonheur et la joie !

En présence de la souffrance d’autrui, quel désarroi…

Ni la fuite, ni les discours rassurants ne répondent à la situation.

Mais quelle richesse qu’une présence affectueuse, et silencieuse : « Aimer c’est quand tu souffres, j’ai mal », écrivait l’abbé Pierre.

Redisons-nous surtout, que la souffrance n’est jamais, au grand jamais, un signe de la malveillance de Dieu.

Osons croire qu’au cœur de toute souffrance, une tendresse nous accompagne.

Mais il est important de se le dire avant. Longtemps avant…

Ne pourrions-nous pas dire que le croyant ose se croire encore aimé même lorsqu’il est crucifié à la manière de Jésus ?

Lui aussi, protestant de son désir de vivre, laisse le dernier à l’Amour : « Père que ce calice s’éloigne de moi, ce que tu veux et pas ce que je veux… »

La souffrance n’est jamais vide du Dieu Amour, mais nul ne connaît le secret, ni de l’une, ni de l’autre.

Alléluia !

Le Christ est vivant !

Il est sorti du tombeau !

La vie a vaincue la mort !

Alléluia !

Source de la prière et de la méditation : « Sur les routes… une parole. » – VIE FEMININE – Imprimerie Bietlot Frères à Gilly – année 1991

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