La vulnérabilité comme fil rouge…

Article Diocèse de Tournai – publié le 08/10/24

Pour leur troisième rencontre, une journée complète organisée sur le site de Bonne-Espérance le 5 octobre 2024, les membres du DHI avaient invité le père Bruno Cazin à se pencher sur le thème «humble et debout». Prêtre et vicaire général de Lille, le père Cazin –médecin-hématologue– a aussi exercé pendant de nombreuses années au CHR de la métropole lilloise. C’est donc avec l’expérience acquise dans ces deux parcours parallèles, mais qui souvent se sont rejoints, que le conférencier a exploré la notion d’humilité pour la septantaine de participants réunis dans la «salle capitulaire» du Collège.

Cette humilité, Bruno Cazin la décortique et la relit avec son regard de chrétien. «Dieu est descendu jusqu’à nous, il a pris notre condition humaine, le Christ a été humilié, est mort sur la croix.» Mais Dieu n’a pas pour autant apprécié la souffrance de son Fils, «il ne prend pas plaisir au malheur et n’oublie pas celui qui souffre». Les textes bibliques rappellent sans cesse sa préférence pour le petit, le faible, le pauvre, l’étranger. Mais cette humilité est également source de liberté. Parce que c’est la peur «de perdre» (ce que l’on possède), de mourir, qui fait de nous des esclaves.

Les mains nues…

L’orateur n’est toutefois pas resté dans la théorie. Ce médecin est inévitablement tout aussi sensible aux notions de chair et de sang. Il comprend le sentiment d’impuissance que peuvent ressentir visiteurs ou aumôniers devant la personne malade, détenue, en souffrance. Lors de ces rencontres, «vous êtes les mains nues». Alors que peut-on apporter à l’autre, malgré tout? «Vous pouvez écouter, accompagner. Vous pouvez aider à dépasser le sentiment d’impuissance, à consentir à la fragilité, à accueillir tout ce qui relève, par une attention prévenante, par la tendresse.» Parce que ce qui fait vivre, c’est l’amour.   

Pour le père Cazin, là réside tout l’enjeu du soin. Une qualité de relation, de présence, une disponibilité, même pour les soignants débordés à qui on ne laisse plus le temps de prendre le temps. Il s’agit d’opérer une révolution de la bonté, de la douceur. Et le conférencier ne s’arrête pas uniquement aux hôpitaux, aux maisons de repos ou aux prisons. «Être humble et debout, c’est mettre l’Évangile en actes. Être présent sur les fractures de l’humanité, donner un témoignage d’espérance dans les périphéries, dans ces lieux où la violence, la guerre, la prostitution semblent avoir gagné.» Et finalement, avoir les mains nues se révèle ainsi un atout: «C’est une chance de n’avoir rien d’autre à offrir que soi, on se met à égalité avec l’autre.»  

Un autre regard

D’autres témoins se sont relayés dans l’après-midi pour partager un petit bout de leur vie, de leur expérience. Sr Anne, infirmière puis institutrice, a raconté comment la maladie –invisible fibromyalgie– avait donné un tout autre sens au mot «fragilité». Douleurs, épuisement, solitude. Descente aux enfers. S’entourer des personnes qui aident à se remettre debout, à accepter la maladie. Apprivoiser son corps malade et son cœur triste. «Dieu fait route avec moi. C’est grâce à la fragilité causée par la maladie que j’ai pu mieux me découvrir.»


Noémie et Nathalie, elles, sont impliquées dans la Société Saint-Vincent de Paul de Lessines. Il ne s’agit pas que de distribution de colis, de ramassage de denrées alimentaires, mais aussi d’écoute de l’autre. «Nous faisons par exemple des ateliers pour recréer une forme de solidarité, après le passage du covid et du confinement.» Avant d’être bénévole, Noémie a été bénéficiaire. Puéricultrice de formation, elle aime rendre service. Et puis quand on a traversé pas mal de difficultés dans la vie, on est sans doute plus à même d’écouter et de comprendre celles des autres.

Messe d’envoi

Thérèse-Marie arrive avec une sorte de force tranquille. Imprégnée de toute la sagesse transmise par un papa qui n’avait pas fait d’études mais observait le monde et d’une grand-mère au grand cœur. Alors Thérèse-Marie prône l’écologie, le respect de la Création. Rien ne sert d’avoir plus que le nécessaire, tout est bon à condition de ne pas exagérer, de ne pas surconsommer. «Avoir un autre regard, ça change tout.»

Il y a encore eu des échanges en petits groupes autour de tous ces témoignages et de l’expérience de bénévolat propre à chaque participant. Mais cette journée à Bonne-Espérance était également l’occasion de clôturer le mois consacré au Temps pour la Création. Et enfin «d’envoyer» en mission toutes les personnes engagées dans les différents secteurs du Développement Humain Intégral pour cette nouvelle année pastorale de solidarité et d’attention à l’autre.   

Découvrez l’album complet de la journée de formation du Vicariat DHI 2024

Agnès Michel – Diocèse de Tournai

Vous pourriez aussi aimer...