Rose Hawthorne, une vie consacrée aux cancéreux délaissés

Article Aleteia – mis à jour le 15/03/2024

Le pape François a approuvé ce 14 mars 2024 la publication d’un décret de la Congrégation de la Cause des Saints reconnaissant les vertus héroïques de l’américaine Rose Hawthorne, sœur Maria Alfonsa Hawthorne en religion (1851-1926), fondatrice de la congrégation des Sœurs dominicaines de Sainte Rose de Lima. Elle est ainsi passée du statut de Servante de Dieu à celui de Vénérable. Un miracle demeure nécessaire pour sa béatification. 

Rose Hawthorne et son mari George Lathrop, anglicans convertis au catholicisme, traversèrent dès le début de leur mariage, en 1871 de douloureuses épreuves. Ils perdirent leur fils unique à l’âge de cinq ans, emporté par la diphtérie. George se mit à boire et à avoir un comportement violent. Ils se séparèrent quelques années plus tard, avec l’autorisation des autorités diocésaines. Rose se retrouva seule à New-York, sans projet d’avenir. Elle savait seulement qu’il fallait qu’elle se consacrât aux autres si elle voulait surmonter sa propre tragédie.

Un jour, Rose fut bouleversée en apprenant le triste sort réservé à sa coiffeuse, atteinte d’un cancer, et envoyée sur l’île de Blackwell, bande de terre située sur l’East River à New York, comme tous les malades dépourvus de moyens suffisants pour être soignés décemment. Rose écrira, pour dépeindre ce moment-là : « Un feu s’alluma alors dans mon cœur, et il y brûle toujours. De tout mon être, je m’élançai au secours des indigents cancéreux. »

En 1896, âgée de 45 ans, elle s’inscrit à une formation au New York Cancer Hospital pour devenir infirmière. Elle loue un appartement dans le quartier le plus démuni de la ville, le Lower East Side. Elle veut vivre parmi les pauvres, se confondre avec eux. Elle prend en charge tous les malades chassés des hôpitaux car jugés incurables, chez elle ou à leur domicile. Aux contestations de sa famille et de ses amis, elle répond : « Les pauvres, je l’ai appris, sentent et accomplissent des choses héroïques ».

Rose devient sœur Mary Alphonsa

Cherchant de l’aide pour accomplir sa mission, elle passe des annonces dans les journaux afin « que la femme qui implore des soins puisse être soulagée ; et qu’un peu de douceur et d’attention lui soient accordé jusqu’à sa mort, elle qui représente le Christ ». Une étudiante en art, Alice Huber, vient lui proposer son aide. Elle restera jusqu’à la fin de sa vie et succèdera à Rose.

En mai 1899, alors que Rose est veuve depuis un an, elle achète une maison avec le soutien financier de riches new-yorkais. Elle peut y héberger jusqu’à seize femmes malades. Rose se lie d’amitié avec le père dominicain Clement Thuente. C’est ce dernier qui suggère à Rose et Alice d’entrer dans le tiers ordre. C’est chose faite le 14 septembre 1899. Rose prend alors le nom de sœur Mary Alphonsa, et Alice celui de sœur Mary Rose. Un an après, l’archevêque donne aux deux femmes la permission de prendre l’habit dominicain et de fonder une communauté. La devise de la Congrégation dominicaine de Sainte-Rose, en dévotion à Sainte Rose de Lima, est : « Nous sommes pour Dieu et pour les pauvres ». Les malades affluent et la petite communauté déménage à Rosary Hill, l’actuelle maison mère de la congrégation. Ici, les femmes atteintes du cancer apprennent à aimer la vie alors même que celle-ci les quitte.

Sœur Mary Alphonsa décède le 9 juillet 1926. Aujourd’hui encore, les soins prodigués au sein des sept établissements de la congrégation, répartis dans six États différents, sont gratuits. Servante des personnes atteintes de cancer, Rose Hawthorne a durant 30 années, rappelé la valeur de toute vie humaine, même de celle la plus menacée.

Mathilde de Robien – Aleteia

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